« Auteurs en colère », signez la pétition
Des Etats Généraux du Livre sont organisés en mai par le Conseil Permanent des Ecrivains (CPE) sur l’avenir du statut social de l’auteur et les modèles économiques dans le secteur du livres.
Le Conseil permanent des écrivains (CPE), organise les Etats Généraux du Livre en deux temps. Le premier volet aura lieu le 22 mai à la Maison de la Poésie à Paris et sera consacré aux réformes sociales et fiscales qui visent les auteurs et illustrateurs (hausse de la CSG, réforme de l'Agessa/Mda, réforme du système de retraite, réforme de la formation professionnelle continue, prélèvement de l'impôt à la source). Le deuxième volet des Etats Généraux du Livre se déroulera début 2019.
Membre du Conseil Permanent des Ecrivains, l’ADAGP soutient l’opération lancée par les auteurs du livre, qui dénonce la réalité de la vie d’auteur.
Le métier d’auteur recouvre des situations extrêmement diverses, tant du point de vue du montant des revenus tirés de l’activité de création (d’écriture ou d’images) que de la part que ces derniers représentent sur l’ensemble des revenus d’un auteur. Par ailleurs, le temps qui y est consacré et le caractère occasionnel ou régulier sont propres à chacun.
Les études menées en 2015 par le ministère de la Culture et le Centre national du livre* ont permis, pour la première fois, de préciser la cartographie des auteurs de livres en France.
On estime donc à un peu plus de 100 000 le nombre d’auteurs de livres. Pour autant, seuls 5 000 d’entre eux sont affiliés à l’AGESSA, c’est-à-dire qu’ils ont perçu des revenus supérieurs au seuil d’affiliation de l’AGESSA et ont effectué une démarche d’affiliation auprès de cet organisme. Il est toutefois estimé à 7 000 le nombre d’auteurs qui, bien qu’ayant perçu des revenus supérieurs au seuil d’affiliation, n’ont pas fait la démarche d’affiliation.
Les auteurs de textes (hors traducteurs, illustrateurs et dessinateurs selon la terminologie de l’enquête) représentent 85 % de l’ensemble des auteurs. Sur la population des affiliés, la répartition est très différente : les auteurs de textes représentent 40 %, les traducteurs 24 %, les illustrateurs 17 %, les dessinateurs de bandes dessinées 14 %. Sur l’ensemble de la population des auteurs, c’est le secteur de la non-fiction qui prédomine (60 %) ; chez les seuls auteurs affiliés, c’est au contraire la fiction (70 %).
À la question récurrente de savoir combien d’auteurs peuvent vivre de leur activité, les résultats de ces études montrent qu’un peu plus de 8 000 auteurs de livres ont perçu, en 2013, des revenus d’auteur supérieurs au SMIC (13 445 €), dont près de 3 000 des revenus supérieurs à 2 fois le SMIC (26 890 €) et parmi eux 1 600 auteurs des revenus supérieurs à 3 fois le SMIC (40 335 €). Autrement dit, 90 % des auteurs perçoivent un revenu en droits d’auteur inférieur au SMIC (40 % chez les auteurs affiliés). Et si parmi eux, beaucoup sont contraints de trouver un second métier pour dégager un revenu décent, nombre d'entre eux, en particulier dans les secteurs jeunesse ou BD, exercent uniquement leur activité d'auteur et dépendent donc uniquement de leurs revenus artistiques.
S’agissant des droits d’auteur, le plus souvent compris entre 8 % et 10 % du prix public de vente hors taxes du livre, le Syndicat national de l’édition (SNE) indique, pour 2015, un montant total de droits versés de 443 M€, mais ce montant regroupe les droits versés aux auteurs et aux ayants droit, ainsi que les achats de droits sur des titres étrangers ou sur d’autres secteurs (iconographie, couvertures…). Rapporté au chiffre d’affaires du secteur du livre, ce montant confirme l’estimation selon laquelle un auteur de livres perçoit en moyenne 1 € par exemplaire vendu (!) avec des écarts souvent importants selon les secteurs ou les formats de livres.
Il convient de noter que cette fourchette de rémunération de 8% à 10% peut varier considérablement d'un secteur éditorial à l'autre, le plus souvent sans justification économique, comme si les revenus des auteurs servaient de variables d'ajustement dans les modéles économiques de l'édition. On observe ainsi notamment en jeunesse un taux moyen plus proche de 6% que de 8% ou 10%, ce taux de 6% étant par ailleurs systématiquement divisé de moitié s'il y a deux co-auteurs.
Il ressort par ailleurs des résultats des études une baisse du revenu de l’ensemble des auteurs sur la période récente, particulièrement depuis 2007, et un effet générationnel important : les générations d’auteurs plus récentes ont de moindres perspectives de progression de leur revenu d’auteur que les générations antérieures.
C'est dans cette situation de forte fragilisation et précarisation, accentuée dans certains secteurs, que les réformes sociales annoncées pour le 1er janvier 2019. D'où l'urgence absolue d'une prise de conscience du Gouvernement sur la situation des auteurs du livre aujourd'hui en France !
* Enquête sur l'activité et les revenus des auteurs assujettis précomptés de l'AGESSA, Ministère de la Culture et de la Communication, 2016
* Enquête portant sur la situation économique et sociale des auteurs du livre affiliés à l'AGESSA, Centre national du livre, 2016
* Les auteurs du livre affiliés à l'AGESSA entre 1979 et 2013, DEPS, ministère de la Culture et de la Communication, 2016
À découvrir aussi
Rendez-vous mensuel consacré à la photographie à l’ADAGP.
Les troisièmes mercredi du mois, l’ADAGP accueille régulièrement dans son auditorium l’association Gens d’Images pour des ateliers consacrés à la photographie. Ce soir, retrouvez la photographe Flore en direct sur YouTube.