Panorama 2025 des Industries Culturelles et Créatives : une croissance qui cache de fortes inégalités

10 déc 2025

Le 4e opus du Panorama des industries créatives et culturelles (ICC) en France a été révélé, 6 ans après la dernière édition en date. L’ADAGP est partenaire de ce Panorama EY / We Are Creative, riche de multiples informations et notamment d'une enquête auprès de 430 artistes des arts visuels.  

Les ICC : une filière majeure de l’économie française

L’enquête, parue mercredi 10 décembre, agrège dix secteurs d’activité, retenus pour représenter la large filière des ICC : les arts visuels et le patrimoine, l’audiovisuel, le cinéma, le jeu vidéo, le livre, la musique (enregistrée et live), le spectacle vivant, la presse, la publicité et la radio. 

L’ensemble de ces ICC a généré 102,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024 et emploie directement 586 000 personnes, auxquelles s’ajoutent 463 000 emplois indirects chez les fournisseurs et les prestataires. 

Les ICC, rarement évoquées en tant que filière économique et souvent perçues comme dépendantes de subventions, apparaissent donc comme un secteur économique majeur de l’économie française, important pour l’emploi, la croissance et l’influence de la France à l’international. 

Les arts visuels au premier plan de la filière des ICC

Au sein des ICC, le secteur des arts visuels se positionne comme un pilier de la filière. Les arts visuels et le patrimoine, catégorie regroupant plusieurs secteurs (photographie, arts graphiques et plastiques, design, métiers d’art, marché de l’art, musées et patrimoine) représentent en effet le principal contributeur des résultats économiques des ICC, avec un chiffre d’affaires de 22,3 milliards d’euros en 2024. L’évolution de la valeur ajoutée directe des arts visuels est par ailleurs en augmentation, avec une croissance de 21 % entre 2019 et 2024.  

 

Les arts visuels : un secteur très contrasté

Le poids des arts visuels dans la filière des ICC est cependant à nuancer par le choix d’une définition particulièrement large, regroupant, dans une même catégorie, artistes et grands groupes économiques. En regardant plus en détail, ce sont bien les activités organisées en grandes entreprises et en institutions qui mènent le secteur et font grossir les chiffres, au premier plan desquels la décoration d’intérieur et le design, ainsi que les musées et le patrimoine, qui représentent respectivement 44 % et 25 % du chiffre d’affaires des arts visuels en 2024. 

Pour les artistes-auteurs, artisans et indépendants, les résultats sont plus modestes et leur poids dans le secteur est beaucoup plus faible. La photographie représente par exemple 9 % du chiffre d’affaires global des arts visuels en 2024, les métiers d’art 6 %, et le marché de l’art 11 %. Pour les artistes et les métiers d’art, cela se traduit par des revenus souvent très faibles, leur revenu annuel médian étant de 2 332 euros. 


Une filière qui fait face à de nombreux défis 

Le secteur des arts visuels, comme la majorité de la filière des ICC, connaît de nombreuses problématiques. Elle est notamment fragilisée par la baisse des subventions publiques, notamment locales, très importantes dans le financement des projets culturels de petite et moyenne ampleur. 

Autre grand défi, l’IA générative, en pleine expansion, offre de nouvelles possibilités de création et de productivité, mais constitue également une sérieuse menace pour le droit d’auteur, en utilisant sans réel contrôle et sans rémunération le travail d’artistes pour nourrir ses bases de données. Elle génère, par ailleurs, un manque à gagner de plus en plus important pour certains métiers artistiques, tels que les photographes et les graphistes, qui voient leur nombre de missions baisser, les entreprises remplaçant certaines prestations externes par des usages internes d’IA génératives. 

Enfin, la concurrence internationale en matière de consommation culturelle s’intensifie avec l’augmentation du nombre de productions culturelles étrangères arrivant sur le marché français. En contrepartie, la filière française des ICC pourrait renforcer ses capacités d’exportation, ses performances actuelles à l’international ne reflétant pas pleinement son potentiel en termes de « soft power ». 

 

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