Entretien avec le street artiste C215

10 Juil 2017

L'artiste nous parle de sa vision de l’art et des grandes actus du droit d'auteur, notamment l’exception de panorama et la question d’un meilleur partage de la valeur sur l’internet.

Comment, en tant que street artiste, envisagez-vous le lien avec votre oeuvre ?

C215 : Mon lien avec mes œuvres est très fort. Il est essentiel pour moi de le conserver, d’autant plus que mes créations prennent place dans l’espace public et sont donc très exposées. Je souhaite avoir mon mot à dire sur l’utilisation qui en est faite, notamment pour éviter qu’elles soient « récupérées », comme cela a pu être le cas récemment. Le droit d’auteur me permet d’être protégé par la loi quand je peins dans les rues des grandes capitales culturelles européennes. C’est pourquoi la question de l’exception de panorama est particulièrement sensible pour moi : pourquoi, parce que mes œuvres se trouvent dans l’espace public, seraient-elles moins protégées que celles d’autres artistes qui se trouvent dans les musées ? Pourquoi créer une inégalité de traitement entre les artistes ?

 

Des milliers d’images de vos œuvres circulent sur internet, sur les moteurs de recherche comme Google et sur les réseaux sociaux, comme Instagram. Comment vivez-vous cela ?

C215 : En tant que street artiste, mes œuvres sont visibles auprès d’un public très vaste. Et je suis favorable, comme beaucoup d’artistes, à la large diffusion de mes œuvres. Mais je veux garder le droit de pouvoir dire oui ou non. Le problème avec Google, c’est qu’en réalité, plus qu’un moteur de recherche, c’est devenu une véritable banque d’images, dans laquelle on peut par exemple choisir la taille, la couleur ou le thème des images qui sont affichées. Pourquoi une banque d’images telle que Getty images devrait-elle payer des droits d’auteur alors que Google y échapperait ?

Encore une fois, c’est une question de justice. De plus, les moteurs de recherche et les plateformes n’hésitent pas à vendre de la publicité sur les œuvres sans le consentement de leurs auteurs et s’enrichissent. Pour moi, ce qui se passe là est contraire à l’esprit du street art, qui est le partage. Je dirais même que c’est du vol.

 

Qu’attendez-vous aujourd’hui que l’Europe fasse pour les auteurs ?

C215 : L’année dernière, la loi française a mis en place un système organisant le paiement des droits d’auteurs par les moteurs de recherche d’images, via les sociétés d’auteurs. J’attends que l’Europe le reconnaisse à son tour. De plus, il faut qu’enfin les plateformes (Youtube, Facebook, Instagram…) soient responsables des contenus qu’elles diffusent – et donc qu’elles respectent les droits d’auteurs – et non que cette charge soit assurée par les internautes. La situation actuelle est un non-sens et conduit à opposer les artistes et leur public sur la question des droits d’auteur, alors que les multinationales de l’internet, qui engrangent la majeure partie de l’économie numérique, sont exonérées du paiement des créateurs.

 

Découvrez le travail de C215

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