Jordan Beal, lauréat du Prix Photographie & Sciences 2025
La Villa Pérochon - CACP, le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, la fondation Swiss Life et l’ADAGP, avec les partenaires médias Fisheye et Sciences et Avenir - La Recherche, ont décerné le prix Photographie & Sciences 2025 au photographe Jordan Beal pour sa série Deliciosa.
Ce prix annuel est destiné à tous·tes les photographes professionnel·le·s de la scène française (créateur·rices français·es ou artistes travaillant et/ou résidant en France, quelle que soit leur nationalité) développant une photographie d’auteur·e. Une dotation de 6 000 euros permet d’accompagner le·a photographe lauréat·e à finaliser une série photographique en cours de réalisation, qui associe la photographie (sous toutes ses formes) et les sciences (toutes disciplines confondues), en France et/ou à l’étranger. Le·a lauréat·e bénéficiera d’une exposition à la Villa Pérochon, centre d’art contemporain labellisé d’intérêt national à Niort à l’automne 2026 dans le cadre de la Fête de la Science. Il·Elle bénéficiera également d’une communication dédiée auprès des partenaires médias.
L’appel à candidatures lancé pendant les Rencontres d’Arles à la galerie Fisheye s’est clôturé fin octobre. 101 dossiers ont été reçus.
Cette année, le jury était composé de Julien Lombardi, lauréat du Prix Photographie & Sciences 2024 ; Dana Cojbuc, artiste invitée représentant l'ADAGP ; Elisabeth Parnaudeau, responsable mécénat & engagement solidaire #ActForLife pour la fondation Swiss Life (partenaire) ; Olivier Marco, chef du département des relations entre science et société au ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (partenaire) ; Andreina De Bei, rédactrice en chef adjointe et responsable du service photo magazine Sciences et Avenir - La Recherche (partenaire média) ; Fabrice Laroche, rédacteur en chef au magazine Fisheye (partenaire média) ; Adèle Vanot, directrice CNRS Images ; Erika Negrel, directrice du réseau Diagonal (réseau national réunissant des structures de production et de diffusion dédiées à la photographie) ; Elise Rigot, maîtresse de conférence Université Toulouse - Jean-Jaurès, Département Arts Plastiques design, laboratoires LLA-CREATIS et LAAS-CNRS.
Le jury a décidé de décerner le Prix Photographie & Sciences 2025 à :
Jordan Beal pour sa série Deliciosa

© Jordan Beal, Deliciosa, 2025
« En 1693, le botaniste Charles Plumier identifie en Martinique, pour la première fois, une plante du genre Monstera (Monstera adansoni). Au XIXe siècle, le Monstera deliciosa, « découvert » en Amérique centrale, rejoint les serres européennes, symbole d’exotisme et de prestige. Trois siècles plus tard, cette plante aux feuilles « curieusement découpées » est omniprésente sur les supports de communication, dans les boutiques et intérieurs européens ainsi qu’en Martinique, où elle partage aujourd’hui ce statut symbolique mais est absente à l’état sauvage. Véritable plante-symbole, le Monstera Deliciosa, qui envahit la représentation, incarne la jungle, l’exotisme et les tropiques, mais plus largement la Nature, l’Eden des premiers explorateurs.
Et si la popularité du Monstera, relancée par la tendance « Urban Jungle » - et dont les prémices remontent à l’époque coloniale - traduit une « envie de nature », de quelle nature s’agit-il ?
Faire le portrait du Monstera Deliciosa, dont le nom renvoie directement au Monstre - du latin monstrum, dérivé de monere « avertir, indiquer, éclairer » - revient peut-être à faire celui d’une fin de cycle, d’un changement de cosmologie nous invitant à reconsidérer notre rapport au non-humain. C’est par la photographie - outil naturaliste par excellence - et dans un dialogue affiché avec les sciences que j’ai décidé de faire ce portrait. Faire un état des lieux sensible d’un cycle qui aura consacré le végétal comme ressource à exploiter puis richesse à préserver - mais toujours à maitriser.
En faire le portrait, c’est peut-être témoigner d’une fin de cycle, d’une remise en question de la découpe ontologique - entre humain et non-humain, entre nature et culture - qui laisse l’humain isolé du reste du vivant. D’un cheminement qui a conduit l’humain, par la science, à se rendre « comme maitre et possesseur de la Nature ».
Loin d’un manichéisme, il s’agit d’enrichir un symbole contemporain - rendu invisible par son omniprésence - non pour dénoncer, mais en faire la généalogie, la dissection pour la montrer plus justement ; Acter et participer, dans l’emmêlement des approches créatives du réel - science, philosophie et art - à une redéfinition des imaginaires. »
- Extrait du dossier de candidature de Jordan Beal