[REVOIR] Causerie #6 : Existe-t-il une scène photographique française ?

Le 9 novembre 2021, l’ADAGP a accueilli la Causerie #6, « Existe-t-il une scène photographique française ? ». La question était posée à Florence Chevallier, Fannie Escoulen, Erick Gudimard et Michel Poivert par Yasmine Youssi. Replay disponible.

La scène photographique française est l’une des scènes contemporaines les plus riches de la planète, comme l’a montré le remarquable ouvrage de Michel Poivert : 50 ans de photographie française, de 1970 à nos jours (éditions Textuel). Mais contrairement à la photographie allemande, britannique, scandinave ou hollandaise, sans oublier l’école de Yale, immédiatement identifiable, il est difficile aujourd’hui, ici comme à l’étranger, de la qualifier. Comme il lui est difficile de s’imposer sur le marché. 

Pourtant, les lieux publics et privés qui lui sont consacrés ne manquent pas. L’État passe régulièrement commande aux photographes et achète leurs œuvres. 
La France accueille un grand nombre de festivals photo – dont Arles, le plus réputé de tous. Et le salon Paris photo est incontournable pour ce qui est du marché. 

Alors comment expliquer que la photographie française ne soit pas aussi réputée qu’elle le mérite ? 

Durant plus d’une heure et demie, la photographe Florence Chevallier, Fannie Escoulen, cheffe du département de la photographie au ministère de la Culture, Erick Gudimard, président du réseau Diagonal et l’historien Michel Poivert ont échangé leurs points de vue sur ce constat dressé par Yasmine Youssi, rédactrice en chef culture de Télérama. 

« Depuis 25 ans, on a pas eu d’exposition majeure montrant un ensemble, donnant à voir les correspondances de la scène photographique française », a analysé Michel Poivert. « Ce ne sont ni les photographes, ni les oeuvres, ni même le marché qui manquent, mais bien la représentation », a-t-il souligné. 

Contrairement à d’autres domaines culturels, « dans la photographie il y a un énorme problème à faire scène » selon Fannie Escoulen. « Aujourd'hui les institutions, parisiennes en premier lieu, doivent s’emparer de cette problématique, par des commissariats, par des expositions, par des acquisitions. Il faut revoir les mécaniques de production pour, à chaque fois, engager une logique de diffusion », a avancé la cheffe du département de la photographie du ministère de la Culture. 

« Il n’y a pas de volonté de nous faire accéder à une grande visibilité », a témoigné la photographe Florence Chevallier. « Nous travaillons avec toutes les petites structures de France, et cela ne devient jamais plus important, et on se fatigue, on se lasse. » 

Pourquoi ça marche en région ? « Il y a des formations dans les écoles des beaux-arts qui existent, qui produisent des artistes qui restent sur les territoires et qui sont de qualité. Il y a une proximité qui se crée plus facilement, un maillage et une accessiblité plus importants », a expliqué Erik Gudimard, directeur du Centre photographique Marseille. 

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